Image corporelle, estime de soi : Et si on se lâchait la balance ?
- Jean-François Leca
- il y a 17 minutes
- 5 min de lecture
Et si votre balance entretenait vos troubles alimentaires, votre mauvaise image corporelle, et votre conflit avec l’assiette ? C’est une vraie question à se poser. Quelle fonction a la balance dans votre comportement alimentaire et votre estime de vous-même ?
J’ai soigné une boulimie qui a duré 35 ans. Le chemin fut complexe. Une étape a été déterminante : éloigner ma balance. Un jour, je suis allé à la déchèterie, et je l’ai jetée. J’ai même pris une photo souvenir. Ce fut un point de bascule dans mon parcours de soins, un déclic libérateur. Un pas indispensable vers la libération des TCA.

1. La pesée : un rituel qui alimente les TCA et l’auto-stigmatisation
Qui n’a pas une balance chez soi ? Cet objet du quotidien nous suit depuis toujours. Dès la naissance, on nous pèse. On surveille notre poids.Les carnets de santé ont des pages entières de courbes colorées, censées nous indiquer si nous sommes dans la "norme". Pourtant, personne ne nous apprend à utiliser une balance. Durant l’enfance, la pesée est encadrée par le corps médical, mais ce cadre n’est pas toujours bienveillant.
Lorsqu’on souffre de TCA ou d’une mauvaise image corporelle, la pesée devient souvent un rituel obsessionnel. Un contrôle anxieux, intégré à la routine. Elle semble anodine, mais elle peut avoir de lourdes conséquences.
On se pèse tous les jours, voire plusieurs fois par jour. Si le chiffre baisse : soulagement, fierté. S’il augmente : panique, culpabilité. Le chiffre devient un juge, une boussole de notre valeur. Il alimente les restrictions cognitives ou l’auto-dévalorisation, notamment chez les personnes en situation d’obésité.Pas de nuances : tout est blanc ou noir. Le chiffre dicte nos pensées, nos comportements. Un manège à sensations, souvent désagréables.
Quand on est en conflit avec son assiette et son corps, l’alimentation devient un combat. Et la balance ? Elle arbitre. Elle distribue les bons et les mauvais points. On essaie de "gagner" chaque jour. Un combat invisible, souvent solitaire.Lorsqu’on souffre de TCA ou d’une mauvaise image corporelle, la pesée devient souvent un rituel obsessionnel. Un contrôle anxieux, intégré à la routine. Elle semble anodine, mais elle peut avoir de lourdes conséquences.
On se pèse tous les jours, voire plusieurs fois par jour. Si le chiffre baisse : soulagement, fierté. S’il augmente : panique, culpabilité. Le chiffre devient un juge, une boussole de notre valeur. Il alimente les restrictions cognitives ou l’auto-dévalorisation, notamment chez les personnes en situation d’obésité.Pas de nuances : tout est blanc ou noir. Le chiffre dicte nos pensées, nos comportements. Un manège à sensations, souvent désagréables.
Quand on est en conflit avec son assiette et son corps, l’alimentation devient un combat. Et la balance ? Elle arbitre. Elle distribue les bons et les mauvais points. On essaie de "gagner" chaque jour. Un combat invisible, souvent solitaire.
2. Une mesure qui déconnecte des sensations internes
Il est normal que le poids varie au fil de la journée ou de la semaine. De nombreux facteurs influencent ce chiffre : morphologie, âge, génétique, émotions, activité physique, hormones, qualité du sommeil, etc...
Le problème avec la pesée solitaire, c’est qu’elle n’est pas contextualisée. Le chiffre affiché ne reflète pas votre état de santé global, encore moins votre état mental. C’est un indicateur parmi d’autres.
Lui accorder trop d’importance, c’est donner du pouvoir à un chiffre, au détriment de vos sensations. C’est oublier que votre corps fonctionne avant tout pour vivre, créer, ressentir — pas juste pour être "contrôlé".
Se peser quotidiennement revient à déléguer son pouvoir à un objet, au lieu de s’écouter. On mange pour atteindre un chiffre, pas pour répondre à sa faim. On s’arrête non pas parce qu’on est rassasié, mais parce qu’on a peur d’être "au-dessus". La balance devient l’ennemie des signaux corporels.
3. Un cycle de renforcement négatif
Dans les troubles alimentaires (anorexie, boulimie, hyperphagie) et souvent dans l’obésité, la balance devient un indicateur de « réussite » ou « d’échec ». Pourtant, elle ne dit rien de la qualité de votre vie, de vos accomplissements.
Jugé « trop élevé », le chiffre entraîne des restrictions. Jugé « correct », il renforce le besoin de contrôle. Le poids devient une obsession. Un cercle vicieux qui entretient les troubles et mine l’estime de soi.
Mais votre poids ne dit rien de votre valeur. Il ne parle ni de votre humour, ni de votre intelligence, ni de votre sensibilité. Pourtant, il affecte souvent votre humeur, votre confiance, vos relations.
Se peser quotidiennement, c’est oublier que la pesée ne prend son sens que dans un cadre médical, bienveillant et non stigmatisant, avec des mesures espacées et interprétées dans une tendance globale.
4. Et si on remplaçait la balance ?
Oui, il est possible de se détacher de la balance pour se reconnecter à son corps et aux signaux qu’il nous envoie.Voici quelques outils que j’utilise dans ma pratique de diététicien spécialisé en TCA et obésité :
L’alimentation intuitive : un chemin vers la reconnexion à ses sensations de faim, de satiété, de plaisir. Elle aide à apaiser les comportements alimentaires dérégulés, à sortir du contrôle mental et à retrouver une régulation corporelle naturelle, sans effort conscient excessif. Je suis formé à l’approche bio-psycho sensorielle du G.R.O.S-TCA et vous accompagne efficacement dans cette démarche.

L’alimentation en pleine conscience : déguster, ressentir, choisir les aliments avec plaisir. Cette pratique diminue les crises d’hyperphagie émotionnelle et favorise la présence à soi.
La méditation de pleine conscience : ancrée dans la respiration, elle permet de réduire le stress, l’anxiété, la dépression, et améliore l’estime de soi selon de nombreuses études.
La cohérence cardiaque : technique simple de respiration (3 fois par jour, 6 respirations/minute pendant 5 minutes) qui agit favorablement sur le système nerveux autonome. Elle régule le stress et améliore la clarté mentale.
Les outils issus des thérapies ACT et TCC : ils permettent de prendre du recul face aux pensées, aux croyances limitantes, et de développer des comportements plus souples, plus en phase avec ses valeurs personnelles.
Ensemble, nous explorons les méthodes qui vous correspondent, à votre rythme, avec bienveillance.
En conclusion
Se libérer de la balance, c’est reprendre le pouvoir. Se reconnecter à soi, à ses sensations. C’est s’éloigner des pensées tyranniques et créer un rapport plus apaisé à son corps et à l’alimentation.
Ce choix a un impact réel sur la santé mentale et la qualité de vie. Se poser la question du rôle de la balance, c’est déjà avancer. C’est un premier pas.
Et ce chemin, on n’est pas obligé de le faire seul. Être accompagné par un professionnel formé et sensibilisé aux troubles du comportement alimentaire peut être une aide précieuse pour comprendre, déconstruire, et évoluer.
Si c’est le bon moment pour vous, je suis à votre écoute pour explorer ensemble votre rapport au corps et à l’alimentation.
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