top of page

Soigner sa boulimie : accompagnement bienveillant à Lyon

Trouver le bon chemin vers la guérison
Trouver le bon chemin vers la guérison

La boulimie est un trouble souvent mal compris, parce qu’il se vit dans le silence, la honte et l’isolement. Pourtant, derrière les crises, il y a une souffrance bien réelle, et un désir profond de s’en sortir.

Parce qu’il est urgent de briser le silence autour des troubles alimentaires, ce texte vous aide à faire le premier pas : celui de la compréhension, de la reconnaissance, et de l’espoir.


1. Comprendre la boulimie pour mieux l'apprivoiser


  • Définition et symptômes


La boulimie est un trouble du comportement alimentaire caractérisé par des crises de suralimentation incontrôlées, suivies de comportements destinés à compenser cette prise alimentaire, comme le vomissement, la prise de laxatif ou une activité physique excessive. Derrière ces conduites se cache une volonté de contrôler son poids pour améliorer l’image et l’estime qu’on a de soi. Ces perceptions sont indépendantes du poids réel et de l’IMC qui souvent sont dans les normes.

En France, la boulimie touche environ 1,5 % des jeunes âgés de 11 à 20 ans, avec une prédominance chez les femmes (trois jeunes filles pour un garçon). Le pic de fréquence se situe vers 19–20 ans. L'hyperphagie boulimique, un trouble apparenté sans comportements compensatoires, est plus fréquente, affectant 3 à 5 % de la population. (Source : Haute Autorité de Santé (HAS) 2019).

La boulimie se traduit par des crises avec perte de contrôle, associée à une détresse marquée par la culpabilité et la honte. On parle de boulimie lorsqu’il y a au moins 1 crise par semaine depuis au moins 3 mois.

Les restrictions que la personne boulimique s’imposent peuvent également conduire à une dénutrition. Celle-ci a des effets physiologiques comme la dégradation des sensations alimentaires (faim, rassasiement, satiété) ou psychologiques comme l’altération des fonctions cognitives et de la régulation des émotions. Ces périodes de dénutritions conduisent également à des envies irrépressibles (« craving ») qui génèrent les crises appelées parfois « gloutonneries ». Ce comportement impulsif est précédé d’une tension pénible pouvant amener à des « négociations » internes (« je fais cette crise cela va me calmer, stopper mes émotions douloureuses »). Le bref soulagement qui suit la crise fait vite place à une réaction émotionnelle intense : honte, angoisse, colère.

La personne se sent très mal, se juge. Son estime personnelle s’effondre, car elle n’a pas su se contrôler, et pense qu’automatiquement son poids va augmenter. Pour « annuler » la crise, les comportements compensatoires sont au cœur du trouble. Le plus fréquent est le vomissement, qui aggrave la dénutrition et tous les désordres biologiques, mais aussi mentaux. Le vomissement étant une « solution » pour éviter la prise de poids, il induit de fait une pensée permissive qui favorise une nouvelle crise, C’est un cercle vicieux infernal dans lequel la personne se sent enfermé et sans solution.

Ce trouble prend une place énorme dans la vie de la personne pour qui le poids et tout ce qui tourne autour de l’alimentation deviennent une véritable obsession. Une profonde dépression peut s’installer avec une perte de goût pour toutes les autres activités.


L'enfermement dans la boulimie
L'enfermement dans la boulimie

  • Le rôle des émotions, des pensées permissives, des restrictions cognitives


Les patients qui souffrent de boulimie accordent une grande importance à leur poids et leur silhouette. Elle devient un élément prépondérant de la valeur personnelle qu’ils s’accordent. Un important perfectionnisme et une estime de soi altérée sont quasiment toujours présent et sont des facteurs de risque et d’entretien du trouble.

C’est un véritable cercle vicieux qui s’installe : les restrictions issues de la peur de grossir entraînent des déficits énergétiques qui provoquent les crises. Celles-ci pouvant être « annulées » par les comportements compensatoires, des pensées permissives se créent qui permettront de nouvelles crises.

Le patient est tiraillé entre les pensées permissives, les pertes de contrôle et les restrictions cognitives. Il tente de contrôler son poids et sa silhouette pour améliorer son image de soi mais la culpabilité issue des crises provoque tout l’inverse et entretient ainsi les restrictions, la dénutrition et les crises : la boucle est bouclée, le cercle vicieux est en place. Il est alors quasiment impossible à la personne de s’en sortir seul car beaucoup de pensées et croyances sont inconscientes à ce stade de la maladie.


2. Sortir du silence : reconnaître et demander de l’aide


  • Honte et culpabilité menant à l’isolement


La personne souffrant de boulimie a presque toujours une mauvaise image d’elle-même.

La maladie va renforcer cette faible estime de soi et enfermer la personne dans un cercle vicieux qui le plus souvent se vit dans une extrême solitude qui elle-même entretien le trouble.

La honte et la culpabilité peuvent conduire à s’isoler et cacher sa maladie même à son entourage le plus proche.


  • Importance de l’entourage et du premier pas


Le déni fait aussi souvent partie du trouble et malheureusement cela retarde la prise en charge.  L’importance du premier pas est primordiale : prendre conscience du problème et surtout oser en parler à son entourage, à un proche que l’on sait bienveillant et soutenant.


Je peux vous faire part ici de mon expérience personnelle. J’ai commencé à être boulimique vers 15-16 ans. Je n’ai eu aucun mal à cacher mes vomissements à mes parents et ma famille durant mon adolescence. Ensuite est arrivé la vie de couple avec les enfants, et là cela m’a demandé de mettre en œuvre des stratégies plus complexes pour dissimuler les crises. Les paquets de nourriture qui disparaissent des placards et du réfrigérateur, les odeurs dans les toilettes, quitter la table à la fin du repas pendant une demi-heure pour « évacuer ». Tout cela devient difficile à expliquer et justifier le jour où les doutes des proches amènent des questions. Je mentais aux personnes les plus chères à mes yeux et cela engendre aussi de la culpabilité et de la honte, cette maladie est pleine de rétroactions négatives qui l’entretiennent c’est infernal. Mais surtout je me mentais à moi-même et c’est cela le plus délétère sur le long terme. Il m’a fallu arriver à 48 ans pour avouer mon trouble à ma femme. Une période de burn-out, un épuisement qui a fait rompre la digue que j’érigeais depuis plus de 30 ans.

Aujourd’hui, avec le recul, le jour de cet aveu aura été le premier jour où j’ai commencé à combattre contre ma boulimie. Cela a tout changé de ne plus me sentir seul avec cette sale maladie.


Si vous êtes seul, faites ce premier pas. Et quel que soit la réaction que vous aurez en face de vous, vous ne verrez plus votre trouble sous le même angle et cela change tout.


3. S’engager dans un parcours de soin adapté


  • Qui consulter ?


Le patient souffrant de boulimie peut consulter :


  • Son médecin traitant – c’est une étape indispensable, mais pas suffisante, pour être guidé dans le parcours de soin, celui-ci n’étant pas spécialiste des TCA

  • Un diététicien spécialité dans le traitement de la boulimie et ses spécificités

  • Un psychologue formé aux thérapies comportementales et cognitives (TCC)

  • Un psychiatre

 

  • Le travail d’équipe : approche pluridisciplinaire, cadre rassurant


Il est primordial d’avoir une approche pluridisciplinaire dans la prise en charge de la boulimie, celle-ci jouant sur de nombreux facteurs : psychologique, émotionnel, corporel, somatique, social.

La famille doit être intégrée dans le parcours de soins, d’autant plus pour les plus jeunes patients vivant encore avec leurs parents. Ces derniers sont souvent désemparés face à la situation et se sentent même responsable. Il est important de déculpabiliser les proches et de les impliquer pleinement dans la prise en charge car ils sont des ressources sur lesquelles il faudra s’appuyer.


  • Différents cadres pour un parcours de soin personnalisé


Différentes prises en charge sont possibles pour sortir de la boulimie :


  • Un parcours en Hôpital de Jour (HDJ), avec des périodes d’hospitalisation si nécessaire dans des structures spécialisées TCA

  • Un parcours individuel auprès de professionnels spécialisés TCA


Dans les 2 cas il faut commencer par un échange avec votre médecin traitant. Il pourra réaliser les examens et analyses nécessaires (bilan sanguin pour vérifier la kaliémie notamment) puis vous orienter vers des professionnels spécialisés (en libéral ou en structure).

Je fais part de mon expérience en HDJ dans un article paru récemment (lire l'article ici)


4. Les grandes étapes du parcours de soins


En structure ou auprès de professionnels en libéral il y a des étapes indispensables et immuables. Cependant ces troubles étant d’une grande complexité et multifactoriels les prises en charge devront toujours être individualisées et faites « sur-mesure ». C’est aussi pour cette raison qu’il est capital de faire appel à des professionnels spécialisés qui sauront s’adapter à votre situation.


Ci-dessous des étapes importantes dont la chronologie peut varier


1- Auto-observation bienveillante


Comprendre votre fonctionnement grâce à un carnet alimentaire enrichi des émotions et pensées. Cela permet d’identifier les déclencheurs des crises et les situations à risque.


2- Alimentation rationnelle


Il s’agit de reconstruire une structure alimentaire régulière et rassurante. Apprendre à manger sans se restreindre, sans compenser, même après une crise.


3- Réduction des crises et des comportements compensatoires


Il faut rompre le cercle vicieux « crise – vomissement », diminuer l’intensité et la fréquence des crises, et sortir des pensées permissives (« Ce n’est pas si grave », « Je compenserai après… »).


4- Résolution des problèmes


Les crises sont souvent liées à des facteurs de stress ou de vulnérabilité (solitude, tensions, fatigue émotionnelle). Il est nécessaire de repérer ces situations et à y répondre autrement, en mobilisant des solutions concrètes.


5- Alimentation libre et sereine


La route vers la guérison et l’autonomie passe par là. Un travail est à faire pour réintroduire les aliments évités, en levant les tabous et en reconnectant les sensations de faim et de rassasiement, dans un climat de confiance et de liberté.


6. Maintien des acquis et prévention de la rechute


Enfin, La consolidation des acquis est indispensable et la mise en place de stratégies pour faire face aux périodes plus difficiles. Les rechutes sont fréquentes il faut être prudent et vigilant face à ce trouble notamment en raison des nombreux facteurs qui l’entretiennent.


Trouver votre chemin vers la guérison
Trouver votre chemin vers la guérison

6. Conclusion : Un chemin vers la liberté, témoignage et message d’espoir


Se soigner et guérir de la boulimie n’est pas un chemin linéaire. Ce résultat ne peut pas être atteint du jour au lendemain. C’est un processus parfois lent fait de pas en avant et de quelques pas de côté. Mais chaque pas compte.

J’ai moi-même traversé ce chemin. Après plus de 30 ans de lutte silencieuse, il m’a fallu du temps, du soutien et beaucoup de patience pour apprendre à m’écouter, à me respecter, et surtout à sortir de la honte. Aujourd’hui, je peux témoigner qu’il est possible de vivre sans la boulimie même après des années. Retrouver une relation plus apaisée avec l’alimentation et un rapport bienveillant avec son corps est possible.

Je croyais cela impossible et c’est devenu ma réalité. Il y a des jours encore difficiles,

mais ils ne m’empêchent plus d’avancer.

Je souhaite à chaque personne qui se reconnaît dans ces lignes de trouver sur son propre chemin des ressources, des soutiens, et surtout, la conviction qu’elle mérite d’aller mieux.

Le premier pas est souvent le plus difficile, mais il peut tout changer.


Si vous avez besoin d’un avis professionnel et bienveillant ou juste d’être écouté, je peux vous aider si c’est le bon moment pour vous.



Commentaires


bottom of page